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Après avoir pour la plupart refusé de recevoir des émissaires du président élu au début du second conflit afin de ne pas franchir de ligne rouge vis-à-vis de l’État russe, les diplomates constatent la dérive islamiste de la résistance tchétchène après sa disparition et peuvent regretter à peu de frais l’absence d’interlocuteur politique. Pour les espagnols, « ce qui la formation militaire et du repos à l’arrière, l’autre en charge de conduire Dérive autoritaire. La psychologue clinicienne Françoise Sironi, qui a travaillé avec de nombreux vétérans, insiste dans sa description des traumatismes psychiques sur la responsabilité des institutions dans la prise en charge de la transition vers la vie civile des participants aux conflits armés 48. 63 La figure de l’abrek, combattant nord-caucasien pendant la guerre du Caucase au xixe siècle, qui pour échapper à l’Armée tsariste continuait à vivre dans les montagnes en se cachant et en recourant à des larcins, a irrigué les représentations russes concernant les montagnards du Caucase du Nord. mercenariat vers les pays africains, il s’agit là d’authentiques volontaires, motivés 19 On ne peut, dans le cadre de cet article, aborder les problèmes posés par ces notions. Cet objectif 62 Braud P., Violences politiques, Paris, Seuil, 2004, p. 161. C’est la première fois que la Russie est officiellement en guerre depuis 1945 : le culte mémoriel de la Grande guerre patriotique (1941-1945) avait quasiment sacralisé ce terme 41. Depuis le début du conflit en Tchétchénie, la plupart des décisions politiques sont prises au sein de ce conseil de sécurité, un organe dirigé par Oleg Lobov, réputé partisan des méthodes énergiques. Si l’effacement des revendications indépendantistes tchétchènes, qui auraient rendu trop flagrante la politique du « deux poids, deux mesures » 85, ont facilité la tâche aux autorités russes, ces dernières ont cependant eu besoin de recourir elles aussi à une forme de surenchère dans la labellisation en justifiant l’intervention des forces russes par la nécessité d’arrêter un « génocide » en cours contre le peuple ossète par les forces géorgiennes. S’il reste beaucoup à écrire sur la période allant de la déclaration d’indépendance tchétchène en 1991 au déclenchement des opérations militaires en décembre 1994, les sources et documents existants montrent comment, sans négliger des éléments relevant du paradigme réaliste – conflits ou convergences d’intérêts entre élites indépendantistes tchétchènes et dirigeants russes 37 –, la dynamique des relations met en jeu des éléments tout autant symboliques que stratégiques 38. La société russe, notamment dans son rapport aux Nord-Caucasiens (qui sont pourtant citoyens de Russie, rappelons-le), de même que la société tchétchène continuent d’être traversées par des logiques de violence et de ressentiment et portent la trace des crimes commis et non réparés. de Donetsk et portent sur les manches ou casquettes des drapeaux de la république Orthodoxe Russe (RPA). est notre ennemi et nous accueillons toute personne tant qu'ils sont prêts à se Ceux-ci sont souvent envisagés sous l’angle de ces « nouvelles guerres » 8 qui brouillent les frontières entre conflit interétatique et guerre civile, mêlent motivations territoriales, religieuses, politiques ou criminelles dans des affrontements armés que se livrent plus souvent des milices que des armées régulières et dont les principales cibles sont les civils. Kherad R., « De la nature juridique du conflit tchétchène », Revue générale de droit international public, janvier 2000, p. 171. 73 Opérations de zatchistka : les forces fédérales encerclent des quartiers et procèdent à des rafles, emmenant des hommes dans le système de « filtration », où leurs familles sont contraintes de venir les racheter, morts ou vivants. Nous ne faisons aucune battre notre ennemi commun. Au nombre des décisions controversées du conseil de sécurité, celle de déployer 15.000 militaires dans Moscou pour aider la milice dans ses patrouilles contre d'éventuelles violences d'une guérilla tchétchène. Il nous semble pourtant s’en éloigner de manière décisive ne serait-ce que pour une raison majeure : la place centrale de l’État russe, qu’il s’agisse du contrôle des forces agissant en son nom, de sa stratégie de légitimation sur la scène internationale ou de la manière dont le camp opposé se définit initialement par une revendication territoriale d’indépendance qui évoque une autre logique, celle des conflits de décolonisation. Parmi les autres partis nationalistes russes dont des membres sont partis se battre au Donbass, figure ", " ("Russkiy Obraz"- "Image Russe" ? 65 Le professeur Vinogradov de l’Université de Grozny était connu pour développer ces thèses dans les années 1970 et 1980. 165-191. Les explications peuvent varier mais le contraste est tangible, qui fait d’autant plus ressortir le niveau de violence du conflit tchétchène et permet de poser la question du lien entre la nature d’un conflit et le type de violence qui s’y déroule 44. 15Les hésitations sur la qualification des faits se répercutent sur la capacité des États à agir, collectivement comme de manière bilatérale. Bassaev confère à ce dernier une certaine légitimité. les tchétchènes qui combattent dans l’autre camp. Cependant ce point de vue Europe allant de Reykjavik à Istanbul, de Gibraltar à Vladivostok. Deux bataillons en renfort. 61 On peut penser aux interventions publiques en Europe de représentants du gouvernement Maskhadov : Ilyas Akhmadov, ministre des Affaires étrangères ; Oumar Khanbiev, ministre de la Santé puis représentant spécial ; Akhmed Zakaev, ministre de la Culture, durant la première moitié des années 2000. composé d’ex-membres des forces spéciales ukrainiennes, spécialisées dans le 33 Commission créée suite à la suspension du droit de vote d’avril 2000 en vue de chercher un apaisement et dans l’espoir de permettre à l’organisation de peser sur la conduite de la guerre. Elle a détaché un groupe de combattant en Crimée et en Ukraine afin de soutenir activement les séparatistes. vieil ennemi, et les russophones du Donbass, des frères slaves. Et nous avons deux leaders: un en charge de 137-165. « La société civile en Russie face à la guerre en Tchétchénie » in Merlin A. une certaine filiation avec l’idéologie nationaliste-révolutionnaire voir 14 DiPaola P. D., “A Noble Sacrifice? 59 Observations personnelles, Grozny, avril 1995. 165-186 ; Merlin A., “Gambling, Misunderstanding or Compromising? 13Jamais abordée de front par les Nations Unies comme un conflit non international susceptible de relever du « droit d’ingérence » ou de « l’intervention humanitaire » 19, la gestion du conflit russo-tchétchène a été de facto déléguée aux institutions en charge des droits de l’Homme. Certains étaient des militaires de continentales » sont une organisation géopolitique créée début 2014 à Depuis le début du conflit en Tchétchénie, nombre de militaires. 82 L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud étaient des entités autonomes au sein de la Géorgie, dans lesquelles se sont déroulés des conflits suite à leurs proclamations de souveraineté. Covid-19 : deux touristes français sont-ils responsables de la hausse des infections en Islande ? le nom de tchetniks furent des unités d'insurgés en lutte contre l'Empire Certes, la démarche témoigne d’une reconnaissance de cette figure politique en tant que chef élu d’une province nord-caucasienne. la plupart des derniers volontaires français à la quitter. cit. (eds. 24 Les bombardements de l’OTAN sur la Serbie quelques mois auparavant ont ouvert une crise sérieuse entre la Russie et les Occidentaux. Slavyansk, Kramatorsk et continuent de se battre dans les forces armées de la République populaire de Donestk ou de Lougansk. par les Partisans communistes de Tito, mieux structurés, et, face à la Secondly, we try to show how identity issues are exacerbated by exo-labellisations, while historical and colonial background are set aside as secondary stakes. Par ailleurs, la violence se diffuse dans toute la région 7. groupe de volontaires armés pour aller soutenir activement les séparatistes ; Walzer M., Guerres justes et injustes. alliance réunit les représentants de différents mouvements et mouvances Une première partie explique comment le fait de ne pas qualifier ce conflit comme guerre produit des effets sur son déroulement. Will Russia go the Way of the Soviet Union?, Washington D.C., Brookings Institutions Press, 2003 ; Gall C., De Waal Th., Chechnya, Calamity in the Caucasus, New York et Londres, New York University Press, 1998 ; Lieven A., Chechnya, Tombstone of Russian Power, Yale University Press, 1998 ; Le Huérou A., Merlin A., Regamey A., Serrano S., Tchétchénie, une affaire intérieure ? ), Guerre et Société : État et violence après la guerre froide, Paris, Karthala, 2003 ; Hassner P., Andreani G., Justifier la guerre ?, Paris, Presses de la FNSP, 2005 ; Nadeau Ch., Saada J., Guerre juste, guerre injuste, histoire, théories et critiques, Paris, PUF, 2009 ; Jeangène-Vilmer J.-B., La Guerre au nom de l’humanité. D'autant qu'un autre homme «du cru» tend à prendre une importance grandissante. les 300 tchétchènes combattants en Nouvelle-Russie. Une crise profonde. du Donbass. 2005), chap. « ». continental (dans le sens européen) dont la civilisation possède à l’origine Le « bataillon de la mort » Tchétchène : ... En détruisant les statues de Lénine et les monuments aux morts de l’Armée Rouge, les partisans de Svoboda (le parti d’extrême droite ukrainien) ont agressé le sentiment national russe et le souvenir de la « guerre sacrée ». Christiane Taubira : la chouchoute laisse planer le doute, Donald Trump n'a pas payé d'impôts fédéraux pendant dix ans, Amy Coney Barrett, candidate de Trump à la Cour suprême. En dépit de divisions importantes qui travaillent la société tchétchène à différentes étapes de ses relations avec la Russie 55, la récurrence des confrontations entre l’empire et ses marges nord-caucasiennes, et en particulier tchétchènes, a largement structuré l’imaginaire collectif tchétchène. 1Vtoraïa tchetchenskaïa, littéralement « la deuxième tchétchène » : c’est parfois par cette ellipse, cet évitement du mot guerre (voïna), comme dans le titre éponyme d’un livre d’Anna Politkovskaïa 1, qu’a pu être désignée la seconde guerre de Tchétchénie, lancée en septembre 1999, et dont il est impossible de dater la fin 2. n’ayant pas obtenu les résultats espérés, le groupe ne rassembla à son apogée qu’une 20 Commission des droits de l’homme des Nations Unies, résolution E/CN.4/RES/2000/58 du 25 avril 2000 et E/CN.4/RES/2001/24 du 20 avril 2001. On touche là à un malentendu de taille : aboutissement logique des encouragements à la souveraineté prononcés par B. Eltsine lorsqu’il n’était pas encore à la tête d’un État cherchant à faire reconnaître ses frontières internationales, l’indépendance est aussi perçue, côté tchétchène, comme la « récompense » du soutien apporté par D. Doudaev à ce dernier lors du putsch de 1991 ; à l’inverse, pour les dirigeants russes, elle constitue un camouflet, une trahison à l’encontre du camp censé incarner la démocratie. 99-118. 77 Iaroslav Golovine, « Imeet li Chechenskaja Respublika pravo na nezavisimost’ ? La question démographique, en particulier au niveau des perceptions est peut-être plus ambivalente aujourd’hui, dans la mesure où les taux de fécondité nord-caucasiens revêtent une importance considérable en regard de la crise démographique que connaît la Russie. change vraiment, c’est la hiérarchie. Il reste intéressant de noter que jusqu’à l’automne 1994, D. Doudaev tente d’établir un contact avec B. Eltsine. désignation que leur donnaient les soldats turcs. Sur le plan interne, qu’il s’agisse de décembre 1994 ou de septembre 1999, ni l’état de guerre ni même l’état d’urgence, encadré par la loi russe et nécessitant l’intervention du Parlement, n’ont été déclarés 13. Reconnaître l’adversaire ou reconnaître le projet indépendantiste ? Une série d'actions terroristes à Moscou autoriserait n'importe quel type de réaction. Quelques heures plus tard, la même agence publiait un démenti du ministère des Armées. plus de points communs avec la civilisation française, que le magma 29 Pour une analyse détaillée, voir Francis C., « La guerre en Tchétchénie : quelle efficacité du Conseil de l’Europe face à des violations massives des droits de l’Homme ? Cette avec ses partisans sous le même nom et une troisième fraction a rejoint l'Union 51 Gazavat est le nom de la guerre sainte menée au xixe siècle contre l’Armée tsariste par les résistants tchétchènes et daghestanais conduits par l’imam Chamil, leader spirituel soufi. ; Le Huérou A., « Fédération de Russie : l’antiterrorisme comme instrument de pouvoir », in Bigo D., Bonelli L., Deltombe T. Ces officiers savent pouvoir compter sur le soutien de 2 vice-ministres de la Défense, les généraux Valéri Mironov et Boris Gromov, qui se sont publiquement prononcés contre l'intervention militaire. 36La mort de Maskhadov souligne aussi, a posteriori, la manière dont le déni de reconnaissance d’un adversaire légitime a été endossé à la hâte par les exécutifs occidentaux. Le paradoxe est alors souligné entre le prix humain payé par les Tchétchènes sur le temps long pour résister à la conquête, puis pour tenter de se libérer, sans succès, et la facilité avec laquelle la Géorgie accède à l’indépendance en 1991 alors qu’elle avait sollicité un protectorat de l’empire russe en 1793. regroupe à la fois le souvenir d'un étatisme puissant et une exaltation de la « Tout ici est plus égalitaire, il n'y a (mais pas tous) ont déjà servis dans l’armée française et à ce titre, effectués De ce fait, tous ces partis se ne fait pas l'unanimité puisque d’autres, estimant que le nationalisme n’est Petit rappel :Les nationaux-bolchéviques russes espagnols ont pris la décision de quitter « Unité Continentale ». russe. Malgré cette Elle vient appuyer l’argument avancé par Stathis Kalyvas pour refuser une distinction finalement peu opératoire entre les conflits de l’avant et de l’après-guerre froide 11. bataillon serait prioritairement dans le Donbass, pour « récupérer » Ils seraient engagés dans la région Cultures & Conflits, n° 87, automne 2012, p. 47-68, Aude Merlin et Anne Le Huérou, « Le conflit tchétchène à l’épreuve de la reconnaissance  », Cultures & Conflits [En ligne], 87 | Automne 2012, mis en ligne le 26 décembre 2013, consulté le 28 septembre 2020. Maskhadov issue des élections de 1997 15, pas plus que la première indépendance proclamée en 1991. sans problèmes, bien que les espagnols se revendiquent communistes et les expérience, ils ont surtout effectués des missions d’observation, de Maskhadov est parlant : il salue la « maturité du peuple tchétchène » 76 qui a majoritairement accordé son suffrage à une figure modérée, prête à coopérer avec Moscou et à faire des concessions, et non pas aux vues beaucoup plus radicales de Ch. Les années précédant la guerre de 2008 avaient vu une main mise progressive de la Russie sur ces territoires. Guerre interne plutôt que guerre civile, la guerre de Tchétchénie illustrerait la complexité de l’analyse des guerres contemporaines en étant située au carrefour des « deux grands récits moraux du xxe siècle 10 », celui du monde de l’après-guerre froide et celui de l’expérience coloniale dans laquelle elle s’inscrirait à plus d’un titre, mais comme « à retardement » par rapport aux grandes vagues de décolonisation des empires ultramarins des années 1960. L’opinion russe juge elle aussi le conflit de 1994-1996 comme illégitime, même si cette condamnation traduit un autre enjeu symbolique, celui de la dégradation de l’image de l’État, incapable de mener la guerre éclair promise contre les « bandits » 40. Il semblerait que la compagnie. Malgré des accords de cessez-le-feu en 1996 prévoyant une période de transition et des élections supervisées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la période qui suit est très chaotique : la Tchétchénie de l’après-première guerre (1996-1999), présidée par l’indépendantiste Aslan Maskhadov démocratiquement élu, est caractérisée par la faiblesse du pouvoir politique local, l’influence croissante de courants islamistes radicaux, la multiplication des prises d’otages et autres activités criminelles de groupes armés non démobilisés, et un isolement progressif de la région 5. Constituée d’une dizaine de Car si Pavel Gratchev s'est engagé sans montrer d'états d'âme dans l'aventure caucasienne du Kremlin, il doit certainement compter avec la réticence de ses officiers. 41Convaincus que la reconnaissance par la justice nationale des responsabilités dans les crimes commis est une étape-clé d’une possible réconciliation, d’un dépassement des violences de la guerre, d’autres acteurs – non gouvernementaux pour la plupart – s’engagent, après l’avocat Stanislav Markelov 91, assassiné en janvier 2009, dans des procédures exemplaires mais qui n’aboutissent que rarement auprès des tribunaux russes. (“Фаланга”) Petit 807-831, cité par P. Hassner, Guerre et sociétés : États et violence après la guerre froide, op. Elle est essentiellement eurosceptique et soutient activement la Russie Ma vie avec Djokhar Doudaev, Paris, Maren Sell, 2005. Le général Alexandre Korjakov, patron de la garde présidentielle et intime du président Boris Eltsine, serait désormais l'une des personnalités les plus influentes du Kremlin. Ces ressentis sont présents jusque dans les rangs de l’armée, dont certains officiers n’hésitent pas à laisser passer les mères de soldats russes venues rechercher leurs fils conscrits sur le champ de bataille. À l’inverse, aucune reconnaissance même limitée n’est acceptée lors du second conflit : pour Moscou, non seulement il est hors de question de négocier avec Ch. indépendance, mais qui, plutôt que d'intégrer leurs forces armées, préfèrent américano-mondialiste. Mais leur engament découle aussi et surtout d’un 375-388. 58 Par exemple, l’ouvrage de T. Lindemann sur la reconnaissance dans la guerre se concentre essentiellement sur les conflits interétatiques. 47 Le Huérou A., Sieca-Kozlowski E., « Les vétérans russes de la guerre de Tchétchénie, acteurs et vecteurs d’une transposition de la violence de guerre en “terrain propice” » ?, in Duclos N. Sur quoi se fonde Laurent Toubiana pour affirmer que «l'épidémie est terminée» . par « l'honneur, l'amitié, et des convictions politiques et idéologiques ».

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